L’histoire de Raphaël, 8 mois, qui a peur d’être un fardeau
Raphaël a un sommeil agité depuis toujours, mais cela fait environ un mois que cela s’est dégradé. Etrangement, sa sœur qui a 2,5 ans, s’est mise à faire des cauchemars exactement au même moment alors qu’elle avait toujours bien dormi. Sa maman rajoute que Raphaël est un enfant vraiment adorable et très facile à vivre en tout point autrement.
Je donne donc la parole à Raphaël au travers de la Sagesse. Il commence par me dire qu’il se sent préoccupé par un évènement qui a eu lieu au 2ème mois de grossesse. Je sonde la maman et elle m’avoue qu’à ce moment, ils ont eu une petite hésitation quant au fait de garder Raphaël. Elle rajoute que sa fille était encore petite, et qu’ils ont tous les deux un travail très prenant. Cela dit, l’hésitation a été de courte durée et ils ont décidé de le garder avec joie. La maman me confie cependant qu’elle a eu un autre bébé avant ses deux enfants, mais qu’elle a fait une interruption de grossesse car il avait une grave malformation.
Raphaël poursuit en nous disant que sa peur est liée au fait que sa maman avait peur qu’il soit handicapé. Elle me confirme que pour ses deux grossesses, elle n’a pu s’empêcher d’avoir peur de cela, étant donné ce qu’elle avait vécu. Raphaël rajoute : »J’ai peur d’être un fardeau pour papa et maman. J’ai peur qu’ils m’abandonnent comme ils ont abandonné ce premier bébé. Alors je crois qu’il faut que je sois le plus facile à vivre possible pour qu’ils continuent à m’aimer et qu’ils me gardent. »
Sa maman écrase une larme, elle me dit qu’elle comprend pourquoi il ressent cela. Une partie d’elle a eu peur que son premier bébé soit un fardeau pour elle de par son handicap, et elle s’en veut. Je regarde Raphaël et j’accueille cette émotion avec douceur. J’explique également à la maman qu’on a toujours plusieurs parties à l’intérieur de nous, et je lui demande de m’en dire plus sur le choix qu’elle a fait. Elle me dit que si elle avait gardé ce bébé, il n’aurait vécu qu’un an, qu’il aurait énormément souffert, et qu’elle avait eu peur que cela soit encore plus dur de s’attacher à lui, puis de le voir mourir. Je m’adresse alors à Raphaël…
Je m’adresse alors à Raphaël et je lui explique que l’amour peut avoir bien des visages. « Ta maman a pris cette décision surtout parce qu’elle ne voulait pas que son bébé souffre, et parfois, l’amour peut ressembler à cela. Cela a été tellement difficile pour elle, elle a vraiment beaucoup souffert, mais elle l’a fait car une partie d’elle était persuadée que cela éviterait à son bébé de souffrir. Une partie d’elle a peut-être effectivement eu peur de ce fardeau, mais ce n’est pas cela qui a guidé sa décision. Ta maman aimait profondément ce bébé, elle ne l’a pas abandonné, il est toujours là dans son coeur, et y restera toute sa vie. » La maman pleure en serrant son fils fort contre elle et elle acquiesce entre eux sanglots : « J’aime et j’aimerais toujours tous mes bébés. »
Nous réalisons que Raphaël dort mal depuis environ la date d’anniversaire où ce bébé aurait dû naître et que cela a sûrement un lien que nous n’avons pas le temps d’explorer. Nous comprenons seulement qu’il fait tout son possible pour être facile à vivre la journée, et qu’il décharge en fait la nuit. Pour la suite, il fait la demande à sa maman de lui raconter toute cette histoire. La maman décide également d’aller demander le dossier de ce bébé à la maternité, car elle n’a jamais voulu savoir s’il s’agissait d’un garçon ou d’une fille, ni connaître les détails. Elle réalise qu’elle est prête, et qu’il est temps qu’elle fasse son deuil, et qu’elle se fasse accompagner pour cela.