La maman de Nicolas me consulte car dès qu’elle pose son bébé, il se réveille au bout de 5 min, alors qu’il peut dormir jusqu’à 5h sur elle (et il refuse totalement d’aller dans le cododo). Je donne donc la parole à Nicolas au travers de la Sagesse et il me confie d’emblée qu’il se sent terrifié depuis qu’il est né car il n’a plus accès aux émotions de sa maman. Je lui demande quelles en sont les conséquences pour lui, et il me répond qu’il ne se sent plus en contrôle de ce qui pourrait arriver, il a la sensation d’avoir perdu un sens. Cela lui procure un sentiment d’insécurité physique. Il rajoute que lorsqu’il est sur maman, cela lui permet d’y avoir de nouveau accès et que cela le rassure. En fait, au fond, il a peur de ne pas pouvoir sentir les dangers arriver et de ne pas survivre. Nous accueillons cette émotion (il est courant qu’un bébé ayant des soucis de sommeil ait la peur de mourir, car métaphoriquement, le sommeil symbolise la mort pour le cerveau).
Lorsque je demande s’il pourrait arriver quelque chose de pire, il me répond que oui. « Si je meurs, je ne pourrai pas protéger les femmes de la famille. » Sa maman s’exclame : « Ah, mais c’est vrai que c’est le seul garçon de mon côté ! » En creusant, on se rend compte qu’il croit que c’est à lui de protéger toute la famille du côté de sa maman, car il est le seul garçon. Cependant, il nous confie qu’il ne s’en sent pas capable et qu’il a besoin des ressentis de sa maman pour savoir qu’il n’y a pas de danger. Autrement, il ne peut s’empêcher d’être en hypervigilance, convaincu qu’en cas de danger, personne ne pourrait survivre puisque lui-même se sent incapable de protéger les autres. Nous accueillons les émotions de ce petit bébé, qui est en fait terrorisé et qui ne peut donc bien sûr pas dormir seul. Nous lui expliquons qu’il existe une loi immuable dans le monde : ce sont les grands qui doivent prendre soin des petits et jamais l’inverse. Ce sont donc les femmes de la famille qui vont le protéger, et si maman le pose, c’est qu’elle sait qu’il est en sécurité. Nous l’invitons donc à relâcher cette vigilance et à faire confiance aux grands et je crois discerner chez Nicolas un grand soupir de soulagement..