Léa arrive dans son cosy, toute endormie. Sa maman est venue me consulter car sa fille souffre d’une hypertonie musculaire. Elle me raconte que cette pathologie l’empêche d’accéder aux acquis de son âge en terme de motricité. Elle n’arrive donc pas à attraper les objets, à s’enrouler, elle a du mal à bien ouvrir la bouche et mange donc peu. Elle est suivie par une psychomotricienne et elle a vu un chiropracteur, mais il y a peu d’améliorations.
La maman me confie que lors la 2ème écho, les médecins avaient détecté que son périmètre crânien était trop petit, mais elle s’est ensuite sentie peu accompagnée, mal informée, on lui a seulement dit qu’il fallait attendre de voir. Elle a alors demandé une interruption médicale de grossesse, car elle a senti que c’était la seule solution pour qu’ils effectuent plus de tests. Elle poursuit en me disant qu’elle a angoissé pendant toute la grossesse, et que finalement Léa est née en bonne santé. Je lui demande s’il y a un lien entre l’hypertonie et cette histoire de périmètre crânien, et elle me répond qu’à leur connaissance non, tout va bien d’un point de vue neurologique.
Je donne alors la parole à Léa par le biais de la Sagesse. Elle s’est réveillée et nous regarde avec ses grands yeux. Elle me confie d’emblée qu’elle a peur pour sa maman. « J’ai peur que les médecins la jugent comme étant une mauvaise maman car elle a demandé une IMG ».
Je sonde la maman qui me répond que c’est effectivement ce qu’elle a ressenti. Je lui demande quelles étaient ses raisons, et elle me répond que si son enfant avait été handicapé, elle n’aurait jamais pu supporter de la voir souffrir. Pour elle c’est très clair, il vaut mieux être mort que souffrir.
Je demande à Léa si elle a eu peur que sa maman l’abandonne ou ne l’aime pas, mais ce n’est pas du tout le cas. Léa a parfaitement intégré que sa maman voulait faire cela pour son bien. Cependant, elle poursuit en nous disant qu’elle a peur que sa maman croit elle-même qu’elle n’est pas une bonne maman, et qu’elle demande à quelqu’un d’autre de s’occuper d’elle, pour son bien. La maman s’écrit « Ah, on m’a conseillé de mettre Léa chez la nounou pour plus la stimuler… »
Sachant que cette maman est en congé parental pour s’occuper de sa fille, je suppose donc qu’il s’agirait pour elle d’un sacrifice, ce qu’elle me confirme, en me disant qu’elle a fortement tendance à se sacrifier de manière générale.
Je dis à la maman qu’il y a d’autres solutions qu’une nounou pour stimuler Léa, il y a également les lieux d’accueil parents-enfant par exemple, qui lui permettraient de rester avec sa fille. Lorsque j’évoque cela, le regard de Léa semble changer, ses yeux s’écarquillent, puis c’est comme si une tension quittait son visage.
Nous faisons donc le lien avec l’hypertonie : Léa se crée un « petit » handicap, qui ne lui fait pas mal, pour montrer à sa maman qu’elle est capable de s’occuper d’elle, qu’elle est une bonne maman, qu’elle est ce qu’il y a de mieux pour elle.
Léa semble vouloir dormir, et sa maman la repose dans son cosy. Léa se met alors tout de suite à attraper les jouets qui sont à l’intérieur, pinçant avec précision des petits rubans. Sa maman, émerveillée, s’exclame que c’est la première fois que sa fille fait ce genre de chose. La séance se termine, Léa n’a besoin de rien d’autre. Avant de partir, je demande à la maman si elle sait qu’elle est une bonne maman ? Ce à quoi elle répond, avec un petit sourire et pleine d’émotion, que oui