La maman de Gabriel débute en me parlant tout de suite de sa grossesse traumatisante. A 4 mois, le médecin leur a dit qu’il avait très peu d’espoir pour leur fils car il avait un retard de croissance sévère. On lui a alors demandé de venir à l’hôpital, qui était à 1h de route de chez elle, toutes les semaines pour faire des examens. A chaque fois, on lui disait que son bébé aurait de la chance s’il survivait et à partir de 26 SA, on l’informait toujours qu’on la déclencherait la prochaine fois. A 6 mois, on leur a même proposé d’arrêter la grossesse à cause du risque de prématurité, ce que les parents ont refusé. La maman et toute la famille étaient extrêmement anxieux, tout cela a été très fatigant et difficile pour eux.
Finalement, Gabriel a été déclenché à 38 SA et faisait 2,4kg pour 43 cm. Sachant que sa grande sœur, née à J+5, faisait 2,8kg pour 46cm, la maman me confie qu’elle croit que son fils avait simplement le même gabarit que sa sœur et que toute cette anxiété avait très certainement été inutile.
Cependant, depuis sa naissance, Gabriel est tout le temps malade, et c’est comme s’ils n’étaient jamais sorti de cet état de peur permanente. Il a eu 6 bronchiolites en 3 mois (on lui a diagnostiqué l’asthme du nourrisson), il a un RGO et une intolérance au lait de vache. Je remarque que ce sont des symptômes assez courants chez les bébés (même si c’est beaucoup) et que les pédiatres n’ont jamais parlé de grave malformation ou maladie.
Je lui donne alors la parole à travers la Sagesse et il nous emmène sur le thème de sa difficulté à respirer.
Il nous confie qu’il se sent mort de peur depuis l’annonce faite par le médecin lorsqu’il était in utero. Il a ressenti toute cette peur pour lui, toute cette anxiété. Il a également tout compris lorsque la sage-femme a proposé l’interruption de grossesse, et il en a conclu : « Je crois que je suis néfaste pour mes parents et que si je mourais, ils en seraient soulagés. »
Nous comprenons alors qu’il s’empêche de respirer pour cette raison.

Sa maman, prend son bébé dans les bras tout en essuyant ses larmes. Elle le serre fort et lui dit que c’est tout le contraire.

L’émotion semble l’envahir et je prends alors la parole en disant à Gabriel qu’il n’a jamais rien fait de mal. Je lui explique que lorsqu’il était dans le ventre de sa maman, il ne faisait simplement pas le même poids et la même taille que la majorité des autres bébés, qu’il n’y a aucun mal à ça, mais que les médecins ont cru qu’il avait un problème. Je rajoute qu’ils voulaient bien faire, mais qu’ils se sont trompés et qu’il va en fait très bien. « Ce sont eux qui ont causé tout ce souci à papa et maman, ce n’est pas toi… Ce qui les soulagera, ce n’est pas que tu partes, c’est que tu sois en bonne santé car ils t’aiment très fort. Leur bonheur, c’est que tu restes à leur côté et d’ailleurs ils ont refusé d’interrompre la grossesse car ils voulaient à tout prix te rencontrer. »
Je termine en disant que dans ce monde, ce sont les grands qui s’occupent des petits et jamais l’inverse. « Ce n’est pas à toi de soulager papa et maman, c’est eux qui s’occupent de toi et toi, tu as ta vie de bébé à vivre : apprendre pleins de choses, recevoir et donner de l’amour… »
Après avoir bien déchargé ses émotions avec tout notre accueil, nous terminons la séance avec un petit Gabriel tout lové dans les bras de sa maman, les yeux pleins de sommeil et d’apaisement…